08 June 2015

Par le trou de serrure

Je me trouve à quatre pattes, devant la porte en bois et en fer, avec un œil bien fermé et l’autre qui cherche la lumière qui tombe doucement par le trou de serrure, la lueur de Paris. Si seulement j’avais la clé, je pourrais ouvrir la porte et la découvrir. Finalement, les charniers grincent et la porte ouvre, pas beaucoup, pour que je puisse regarder par la fente entre la porte et le bâti. Comme ça, je regarde Paris ; et Paris, elle brille. 

Connaître Paris, c’est déplacer une montagne pierre par pierre. Mais quelle récompense ! Les résidents de Paris sont pressés—préoccupés par leurs propres affaires ; ils vivent comme tout le monde, sauf avec la plus belle ville du monde en toile de fond. Je me trouve, premièrement, dans un café, Le Central, pas loin de l’arrêt du métro Strasbourg/St. Denis. Je prends le petit-déjeuner français : un café, un croissant et un verre de jus d’orange. À côté de moi s’assissent des touristes du Royaume-Uni. Ils demandent combien de temps prendra-t-il pour marcher à la cimetière Père Lachaise. Le serveur répond “ marche parisienne ou marche touriste ? —parisienne : 25 minutes —touriste : une heure et demie. C’est vrai ; les parisiens marchent vite. De plus, on peut deviner les touristes par leurs visages, leurs yeux fixés sur des monuments extraordinaires. Et quelle magnificence. Les monuments de Paris sont pleins à craquer d’histoire. Je ne peux pas m’arrêter de les regarder en étonnement. 

L’éclat de Paris est éblouissant et j’ai oublié mes lunettes de soleil aux Etats-Unis. Heureusement, j’en ai acheté une paire et regardé tous les monuments en face de moi. Chaque jour je tombe sur le lit, fatigué et émerveillé. On voit plus qu’on aura pensé possible, mais il reste toujours plus à voir. Je vois Paris par la fissure d’une porte, par mes expériences, par mon histoire, par mes propres idées et ma propre culture. C’est absolument impossible que je voie tout. Je vois Paris selon ma perspective ; et je me souviendrai de ces événements singuliers :

Debout au centre du Paris, les gens en essaimantes autour de moi. 
Voir une pièce de théâtre, drôle et sardonique dans un théâtre plein des parisiens. 
Manger et boire aux cafés dans des endroits magnifiques, où on voit des parisiens qui parlent, vite et avec fierté, qui discutent des actualités.
Voir deux fois le Musée national d’art moderne, dans le Centre Pompidou ; voir La Fontaine de Duchamp, les œuvres de Picasso, de Kandinsky et des artistes contemporains. 
Regarder un film français dans un cinéma français. 

Je m’unis à la sève du monde. Cette fente imaginaire, par laquelle je vois Paris, m’introduit à la France et je ne peux sentir qu’accueilli. 


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