12 June 2015

La Protection des oreilles françaises

Il existe plusieurs points de repère quand on est sur la route de l’apprentissage d’une langue—ce qui pour la plupart du temps est un parcours plein de détours.  Quelques points de référence importants, par exemple, comprennent le premier rêve dans une langue étrangère et le moment où on prend conscience du fait que l’on peut parler couramment.

Pour moi, j’ai dépassé ces points de repère, et je vois la lumière au bout du tunnel.  Mais il reste quand même beaucoup à faire car je suis entré dans la période d’étude qui doit être la plus longue et la plus difficile : celle d’apprendre à parler comme ceux qui parlent la langue depuis leur naissance.  Afin d’arriver à ce but, duquel profite plutôt les oreilles des français que l’étudiant, il faut maitriser de nombreux aspects de la langue parlée informelle.

En avant, j’indique la vitesse—pour laquelle les français sont aussi connus et aimés par tout le monde et surtout par les étudiants de français.  Le problème est très facile à imaginer : on parle à un étranger qui prend une pause après chaque mot pour en trouver le prochain.  Enfin, cela ne veut pas dire qu’il faut parler plus vite que les parisiens.  Or il faut pouvoir vite trouver ses mots et comprendre ce qui a été dit quoique soit la vitesse.

Et puis le problème de formalité.  La forme ‘nous,’ la négation avec ‘ne,’ et l’inversion des questions ?  Il vaut mieux tout jeter dans la poubelle.  Normalement, on ne les utilise pas.  Quant au premier exemple, on n’utilise ‘nous’ en général que comme pronom disjoint (ex. Nous, on va manger.).  Donc, c’est-à-dire que souvent ‘on’ remplace ‘nous’ comme sujet—ce qui rend les conjugaisons plus faciles à prononcer.  Avec ‘ne,’ il n’y a pas d’utilité en conversation normale sauf quand se présente la possibilité d’ambiguïté (ex. « La pomme n’est plus verte » au lieu de « La pomme est plus verte », celui-ci pouvant signifier que la pomme est davantage verte.  Et enfin, l’inversion des questions est quelque chose qui existe pratiquement pas à l’orale.  L’emploie de ‘est-ce que’ pour éviter l’inversion sans faire une faute grammaticale n’est pas utilisé non plus (même si souvent je ne peux pas m’empêcher d’employer est-ce que !).

Ensuite, le vocabulaire.  Il existe beaucoup de mots que l’on dit en France et qui ne sont pas trop enseignés à l’école.  Par exemple, on pourrait dire « J’ai manqué le train. » (qui est basique), mais il y a aussi l’option de dire « J’ai loupé le train. » (qui ajoute un peu de caractère).  Encore, on pourrait dire « Donne-moi la télécommande. » ou on pourrait dire « Donne-moi la zappette. ».  Si on disait celui-ci, tout le monde saurait tout d’un coup qu’on était super-cool.

Enfin, les français sont un peuple très animé.  Une conversation normale avec un français est souvent remplie de gestes et de sons que l’on ne connaît pas dans le monde anglophone.  Selon moi, tout ça est à cause de la volonté des français de s’exprimer (au contraire de la tendance des anglo-saxons de cacher leurs sentiments).


Après avoir atteint à un tel niveau où on peut s’exprimer couramment, donc, il faut maîtriser tout ce qui est ci-dessus afin de parler comme un français.  Si on peut parler sans pause exceptionnelle, ne pas respecter les bonnes règles grammaticales, éviter de parler trop formellement, trouver les bons mots (qui ne viennent pas toujours des livres de vocabulaire), et utiliser la langue bizarre des mains et des sons comme les français, on sera enfin tellement assimilé à la culture française (et en outre, on ne leur fera plus mal aux oreilles) !

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