03 June 2015

La chanson de guérison



Il est plein de soleil ici dans la vallée de l’Ubaye. J’entends le chant des oiseaux sans savoir si elles sont des chansons du bonheur ou de la douleur. J’entends seulement, et je regarde la grande montagne en face du Centre Jean Chaix.

Hier, c’était impossible pour moi d’apprécier la beauté suprême de cette région à cause d’une maladie qui m’a prise sans clémence. Pour être délicat, je vais dire seulement que j’étais souffrante.

J’étais si souffrante que je n’ai pas pu ni manger ni m’enlever de mon lit. Quand mes camarades étaient en train de découvrir les trésors de ce beau pays, de prendre des photos des chats et des marmottes, j’étais dans mon lit, fiévreuse─ complètement misérable. À ce moment-là, je n’avais pas seulement le « mal du pays, » j’avais vraiment la « maladie du pays ». J’imaginais ce que mes parents auraient fait pour moi si j’étais chez nous.

Ma mère aurait me tenir dans ses bras chaleureux. Je pense que mon père aurait essayé de me faire manger quelque chose de doux. J’aurais pu dormir dans mon lit et me faire tremper dans ma baignoire. Je ne voulais rien des montagnes, rien des marmottes. Je voulais juste sentir la chaleur louisianaise et regarder les pins dans mon jardin.

Je me demandais : « Pourquoi ai-je décidé de venir ici ? » Personne n’a répondu, et les oiseaux non plus.

Ce matin, j’ai décidé d’aller chez le médecin. La fièvre est partie pendant la nuit, grâce à Dieu.  Mais j’ai voulu quand même m’assurer que ma condition ne rechute pas. Alors, Barclay, une professeure du programme, et moi, nous sommes allées chez le médecin.

Même si je savais déjà que je sois en France pour un programme d’immersion, jusqu’à ce moment-là, mon séjour m’a semblé d’être des vacances. J’ai regardé l’art au musée Pompidou à Paris. J’ai mangé des crêpes, et j’ai pris des photos. Mais les vacances se terminent quand on va chez le docteur.

J’étais un peu nerveuse d’y aller, parce que je n’ai pas su exactement à quoi anticiper. Je suis allée en France plusieurs fois. Aujourd’hui est la première fois que je suis allée voir un médecin français.

Avant d’avoir entrée, j’avais mon dictionnaire à la main, prête à trouver des mots inconnus. Je savais déjà le mot « dot » grâce au cours de la littérature française, mais personne ne m’a pas apprise le mot « microbe ». J’avais peur que le médecin  me parlerait avec beaucoup de phrases techniques que je ne connaissais pas─ ou pire, que je ne saurais pas comment m’exprimer suffisamment.

Toutes mes craintes étaient pour rien. Dès que je suis entrée, je me suis trouvée complètement à l’aise. En anglais, on dirait que le médecin avait « une bonne manière à côté du lit, » qui veut dire qu’il sait comment mettre ses patients à l’aise. En fait, le jeune homme qui m’a examinée était en train de faire son doctorat. Alors, nous étions tous les deux en train d’apprendre.

Il y avait beaucoup de choses que j’ai remarqués qui sont faits différemment en France qu’aux États-Unis. La première chose que j’ai remarquée est que j’étais invitée au bureau du médecin avant d’aller dans la salle d’examens. Aux États-Unis, après qu’on a attendu pendant des heures au vestibule, on va directement à la salle d’examens, où on attend  encore le médecin. Ensuite, une infirmière va vous interroger de vos symptômes, de prendre votre température et votre pression. Ensuite, le médecin va finalement arriver, mettre les gants en plastique sur ses mains et faire tout ce que l’infirmière avait déjà fait, comme si vous êtes la maladie dont vous souffrez. Et puis, il va donner une ordonnance pour les antibiotiques. Le prix d’une visite médicale et des médicaments peuvent d’être de plus ou moins 200 dollars.

Aujourd’hui, après deux minutes d’attente, j’étais invitée directement au bureau du médecin. « Asseyez-vous, » il m’a dit. Comme ça, on a discuté mes symptômes, tout à l’aise comme si on a parlé du temps. Après qu’il  s’est assuré de ma condition, il m’a mené à la salle d’examens où il a rapidement fait tout ce qu’on doit faire─ sans mettre les gants en plastique ! La touche directe du médecin m’a fait sentir pas ma maladie mais mon humanité.  Le prix de ma visite médicale française avec mes médicaments était à peu près 32 euros─ une grande différence.

Je n’ose pas dire que le système médical en France ou aux États-Unis est mieux ou pire que de l’autre, mais je peux dire que j’avais une bonne expérience aujourd’hui chez le docteur à Barcelonnette. Je peux respirer encore sans sentir des larmes coulent sur mes joues. Finalement, j’entends de nouveau la musique de ce pays.

crit le 1 juin 2015)

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