Aujourd’hui, la
pluie tombe du ciel à son aise. Les nuages sombres couvrent la terre, comme
s’ils se sentaient tristes que j’aille partir. Moi aussi, je sens un peu de
tristesse qui se mélange avec le bonheur dans mon cœur.
Ce n’est pas que
je ne veux pas partir─ pas du tout ! J’ai hâte de voir les montagnes
majestueuses qui bercent la ville de Barcelonnette. Je songe aux aventures
qu’on va avoir, des sourires, des rires éclatants, des jours longs et des nuits
blanches. Il y a des fois que ce voyage me semble de ne pas être qu’un rêve.
Tout le monde
peut écrire des rêves, mais un bon écrivain doit écrire la vérité. Je veux voyager,
mais j’ai peur. Mes craintes ne sont pas les craintes régulières comme :
Est-ce que je vais rater mon avion ? Non, c’est plus que ça. Je me
demande : Est-ce que mes grands-parents seront toujours là quand je
reviens? Est-ce que Grand-mère me souviendrait-elle après mon séjour en
France ? Mon grand-père m’a toujours dit qu’un appel de téléphone peut
changer une vie. Alors, combien de changements peuvent se passer en cinq
semaines ?
La pluie s’est
arrêtée.
Mes
grands-parents sont les personnes qui m’ont inspirée le plus de voyager. Ils
ont traversé tous les États-Unis, la plupart d’Asie et beaucoup d’Europe.
Pendant mon enfance, j’ai reçu les petits cadeaux de ces voyages : les
poupées russes, les souliers coréens, les trousseaux de clés, les cartes
postales.
Il y a une photo de ma grand-mère que
j’adore : elle s’est assise avec un grand sourire sur un bateau à Hong
Kong. Cette photo présente l’élégance et la joie de vivre─ la passion─ que
j’associe avec ma grand-mère avant qu’elle soit tombée dans les nuages
d’Alzheimer, comme un oiseau timide. Quand je vois cette photo, prise vingt ans
avant ma naissance, je veux être là, à côté d’elle, réchauffée par son sourire
ensoleillé. Elle me manque déjà. Elle me manque toujours.
Les aventures de
mes grands-parents sont passées. Le vent change. Aujourd’hui, c’est moi qui
voyage, qui prend les photos. C’est moi qui vais monter la montagne prochaine.
C’est moi qui dois sourire. C’est moi qui dois vivre avec la passion.
Il me semble que
le soleil arrive.
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